Une école née après la guerre pour les enfants défavorisés vivant dans l’enceinte des temples d’Angkor
Initiée dans les années 1990 par un bonze qui recueillait des orphelins issus de la guerre, l’Ecole du Bayon permet, depuis près de 30 ans, de fournir une éducation de qualité et un soutien médical aux jeunes défavorisés vivant dans la région des temples d’Angkor au Cambodge.
La guerre contre les Khmers rouges laisse le pays sans aucune structure scolaire
La guerre contre les Khmers rouges, puis l’occupation vietnamienne, ont pris fin au début des années 90. Elles ont entièrement détruit le système éducatif du Cambodge ainsi que toutes ses écoles. Près d’un quart de la population a été exterminée durant cette période et un demi-million de Cambodgiens ont réussi à prendre la fuite pour s’exiler à l’étranger. Le pays a subi durant une trentaine d’année des tensions, des violences et des tragédies dévastatrices qui rendent la reconstruction longue et difficile. Le Cambodge reste aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres d’Asie du Sud-Est : en 2014, 15% de la population cambodgienne vivait officiellement en dessous du seuil de pauvreté national établi à $1/jour (Source : Banque Mondiale, 2018).
Se mobiliser pour aider les enfants et leur fournir une éducation
Alors que la guerre civile se termine à peine et que les Khmers rouges sont encore présents dans de nombreuses provinces du Cambodge, et notamment dans la région de Siem Reap, un groupe d’amis part visiter les temples d’Angkor. Parmi eux, Maï une cambodgienne réfugiée en France et Marcel, un français résidant à Tokyo, rencontrent un bonze qui vit dans une pagode à quelques centaines de mètres du temple du Bayon. Il recueille des orphelins dans le besoin suite au conflit et leur fournit un semblant d’éducation.
Maï et Marcel décident de mobiliser leurs réseaux respectifs pour financer la scolarisation des élèves. Une association française est créée pour soutenir cette action : les Chemins de l’enfance. Peu à peu, le bouche à oreille fait son travail et les enfants vivant aux alentours du temple du Bayon rejoignent l’école et commencent à s’instruire. Grâce à des dons financiers et matériels des amis de l’association, l’Ecole du Bayon se structure et à partir de 1997, elle permet de scolariser une cinquantaine d’élèves en situation de grande pauvreté chaque année.
Pour aider à la reconstruction de mon pays, j’ai créé une association pour scolariser les enfants.
Portrait
MAÏ, franco-khmer réfugiée en France
Cambodgienne, j’ai étudié au Lycée Descartes de Phnom Penh, puis à la Fac de pharmacie à Lyon. Réfugiée à l’ambassade de France lorsque les khmers rouges ont évacué la ville, je leur ai échappé avec mes deux petites filles, mais mon mari et mes parents ont été emmenés… Je suis revenue au Cambodge avec l’espoir de les retrouver. Aujourd’hui, je sais qu’ils ont disparu à jamais. Pour aider à la reconstruction de mon pays, j’ai travaillé bénévolement pour le ministère de la Santé. Avec des amis, nous avons créé une association pour scolariser les enfants pauvres qui vivent autour des temples d’Angkor.
Portrait
MARCEL, impliqué dès les débuts
Je suis arrivé au Cambodge en 1993 pour visiter Angkor et à cette occasion j’ai rencontré un vieux bonze qui s’occupait d’orphelins. Je me suis engagé à livrer du riz. Lors d’un deuxième séjour j’allais rendre visite au bonze. Celui-ci a eu une attaque et est mort dans mes bras. J’ai pris cela comme un signe et j’ai décidé de continuer son action. J’ai engagé un instituteur pour donner des cours aux orphelins.
J’ai rencontré un vieux bonze qui s’occupait d’orphelins. Je m’étais engagé à livrer du riz.
Portraits
Des personnalités qui ont marqué l’École
KONG
Grand ami fidèle de Marcel, Kong s’est investi dès le départ pour l’Ecole du Bayon. Il a toujours été très présent sur le terrain et était responsable de la scolarité des jeunes collégiens et de tout le suivi des travaux. Pendant plus de 20 ans, il a été le relais des équipes en France et des professeurs au Cambodge.
SAMOY
Premier professeur de l’Ecole du Bayon, pendant plus de 10 ans, Samoy a dirigé l’unique classe de l’école primaire. Il a ensuite été professeur en grade 1 et a terminé sa carrière en 2019 pour prendre une retraite bien méritée.
Jacqueline CHOUETTE
Impliquée dès les débuts, Jacqueline a créé l’association SEP du Bayon en 2005 et mobilisé son réseau pour apporter financements, matériels scolaires et soutien au quotidien. Elle a organisé des évènements pour lever des fonds (gospel, théâtre…) et des ventes diverses (brocantes, marché de Noël) pour financer la scolarité d’environ 170 élèves et collégiens pris en charge par l’association à cette époque.
Vincent ROBERT
Il a rejoint l’association en 2007 et est devenu président. Il a rapidement mis en place le système de parrainage : aujourd’hui ce sont environ 450 parrains qui ont rejoint l’Ecole du Bayon et qui nous soutiennent année après année. Vincent a aussi lancé l’école de formation professionnelle en boulangerie/pâtisserie en 2014 avec l’aide des volontaires et des équipes khmers présentes sur place.
Depuis Juin 2019, l’Ecole du Bayon est présidée par Patrice LEGENDRE, présent aux côtés de Vincent ROBERT depuis de nombreuses années.