Parrainer l’Ecole du Bayon – Pourquoi ?

Parrainer l’Ecole du Bayon – Pourquoi ?

C’est en 1993 que l’école du Bayon a accueilli ses premiers élèves à l’école primaire. Pendant bientôt 20 ans d’existence, notre association s’est agrandie et diversifiée. Programme d’accompagnement des étudiants dans le secondaire, école de pâtisserie et de boulangerie, formation en agroécologie, développement d’activités rémunératrices pour les familles des élèves… Tout ça a pu prendre vie grâce au soutien précieux d’un groupe de personnes : nos parrains, marraines et sponsors.

Ils/elles n’étaient au commencement qu’ une petite vingtaine et ils forment désormais une communauté de plus de 450 personnes. L’école du Bayon, c’est une grande famille, dans laquelle chaque personne joue un rôle : des volontaires, à Thorth, notre directeur exécutif, jusqu’aux donateurs ponctuels. Les parrains et marraines jouent un rôle central dans ce magnifique tableau car au délà de donner vie à nos projets, ils les soutiennent sur le long terme. Comptables, artistes, professeurs des écoles, de Paris aux petits villages du Vaucluse en passant par Londres ou Singapour, autant de profils différents qui constituent la première force de nos projets. 

Notre gratitude est immense et remercier ces hommes et ces femmes est une priorité pour nous. Nos échanges réguliers avec eux nous permettent de maintenir des liens forts au fur et à mesure des années. Une présentation actualisée de nos projets 1 mois sur 2, une newsletter qui traite les sujets de fonds chaque trimestre, un lien direct avec les actualités du terrain sur les réseaux sociaux et par échange direct avec notre responsable de communication… nous mettons tout en œuvre pour les placer au cœur de nos projets. Authenticité et sincérité sont les maîtres mots de cette relation qui nous permet de fournir une éducation de qualité aux enfants vivants dans l’enceinte des temples d’Angkor.

En parrainant l’Ecole du Bayon, ils/elles ont décidé de soutenir une éducation de qualité, entièrement gratuite pour plus de 450 jeunes, qui prend en charge tous les besoins fondamentaux liés au bon développement des enfants/étudiants. Si une éducation de qualité est essentielle pour avancer dans la vie, il est au moins tout aussi important de favoriser le développement personnel aux travers d’activités ludiques, culturelles et sportives.  C’est pourquoi nous avons intégré diverses activités au sein même du cursus scolaire, de la pratique d’une activité physique à l’éveil culturel et artistique.

Vous aussi, prenez place dans cette magnifique toile de liens humains (participation à partir de 13€ par mois). Toutes les informations sur le parrainage et autres modes de soutien sur notre site  : https://ecoledubayon.opte.io/nous-soutenir/

Quatre leçons à retenir de cette année exceptionnelle

Quatre leçons à retenir de cette année exceptionnelle

Thorth, Vantha, Rithy, Sakoth et Soky reviennent avec leurs mots sur ces deux dernières années et sur les enseignements qu’ils en ont tirés. Quels outils allons-nous garder par la suite ? Qu’avons nous appris ?

Résilience, solidarité et adaptabilité : autant de termes qui ont su guider leur travail et devenir le moteur de leur engagement.

Leçon #1 : apprendre à anticiper pour mieux appréhender

Si vous demandez à Thorth, directeur adjoint et exécutif de l’Ecole du Bayon au Cambodge, ce qu’il retient de l’année passée, ses premiers mots sont “imprévisible” et “stressant”. En effet, son objectif principal durant ces derniers mois a été de “s’assurer que nous serions capable de maintenir l’éducation de tous nos élèves à un niveau stable : nous avons dû considérer quelles étaient les actions essentielles sur lesquelles nous devions nous mobiliser et quelles sont celles que nous pouvions ralentir, pour être certains de répondre à cet objectif malgré la situation”. 

Il explique qu’il a fallu se concerter, débattre et prendre des décisions pour répondre à l’urgence, sans pour autant savoir comment la crise évoluerait : “cela m’a appris à davantage analyser et me questionner sur les enjeux futurs pour anticiper du mieux possible ce type de situations, bien qu’elles soient exceptionnelles”.

“Nous avons appris comment nous adapter rapidement et nous avons pu trouver une solution à chaque problème grâce à l’engagement de toute l’équipe. L’enjeu a été d’avancer jour après jour, et de penser nos actions à court-terme pour s’assurer une efficacité optimale.”

Thorth, directeur adjoint et exécutif.

Leçon #2 : mieux communiquer pour prendre conscience des besoins de chacun

La mise en place de cours en ligne au sein de nos formations et l’obligation de se déplacer dans les villages auprès de nos élèves de l’école primaire nous ont permis de nous rendre compte qu’il était essentiel d’être à l’écoute de chacun.
Nous avons pris conscience des besoins de chacun car nous étions avec eux quotidiennement, dans leurs villages et leur environnement. Nous avons pu discuter avec les parents, notamment ceux dont les enfants sont les plus en difficultés. Aujourd’hui, cela nous permet de retrouver les élèves à l’école en sachant quels sont ceux que nous devons suivre de manière plus rapprochée, et ce même si nous retrouvons un fonctionnement normal.”
Vantha, directeur de l'école primaire.

En ayant développé l’enseignement en ligne, via Zoom, Youtube et Telegram, nos étudiantes de l’école de pâtisserie ont pu utiliser ces différents canaux de communication pour être en contact permanent avec nos équipes et leurs camarades. Sokly, notre professeure de pâtisserie et Rithy, nouveau directeur de l’école de pâtisserie, n’ont donc jamais été déconnectés de la réalité de chacune, bien au contraire.

Chaque plateforme avait son utilité. Zoom a été le moyen de discuter ensemble des questions en lien avec les cours mais également l’espace où les étudiantes pouvaient échanger entre elles et s’entendre de vive voix. Youtube a permis aux élèves de réviser à leurs rythmes et de préparer leurs questions pour nos rencontres en ligne. Enfin, Telegram a été notre outil principal pour discuter de ce qui est moins formel, mais d’autant plus important en cette période : comment se sentent-elles, leurs émotions face à la crise et comment pouvons nous les aider. Cela nous a permis de garder le lien avec elles et de leur montrer que nous étions à leur écoute.

Rithy, directeur de l'école de pâtisserie.

Leçon #3 : privilégier le circuit court et local

Lorsque la ville de Siem Reap s’est fermée et que toutes les activités ont été suspendues, l’équipe du Projet Potagers s’est retrouvée face à un dilemme de taille : comment écouler les productions de légumes de nos farmers et éviter les pertes ? 

La plupart des farmers ne pouvaient plus se déplacer entre les villages tandis que les quantités de légumes ne cessaient de s’accroître. Elles n’avaient donc aucun moyen de vendre leurs légumes, et il a fallu trouver des solutions. Nous avons donc travaillé avec l’équipe sociale et celle du follow up pour distribuer ces légumes à nos familles. Nous avons décidé de racheter leurs légumes pour les redistribuer par la suite. Ainsi, elles étaient assurées d’avoir un revenu pour prendre soin de leurs familles, et nous assurions à nos bénéficiaires d’avoir de quoi se nourrir malgré la perte de leurs emplois.” nous présente Sakoth, manager du projet potager et de l’école d’agroécologie. Ce projet a renforcé le travail de nos farmers et leur a fait prendre conscience du rôle qu’elles jouent dans la chaîne d’entraide du Bayon. Elles sont de plus en plus motivées à apprendre et à s’investir davantage pour que cela profite à tous.” 

D’un point de vue plus global, l’arrêt du tourisme a eu un impact considérable sur nos activités et principalement celle du Coffee Shop. Pour Thorth, cela a été l’occasion de prendre conscience qu’il fallait repenser notre travail auprès de la population locale, pour ne pas se retrouver dépendants des touristes. “La fermeture du Coffee Shop n’a pas été facile à gérer puisque ce sont ces revenus qui financent notre formation en pâtisserie. Il a fallu trouver de nouvelles solutions. Aujourd’hui, nous avons pris conscience de la nécessité de développer des produits locaux pour que nous puissions avoir une clientèle locale et accroître notre visibilité à Siem Reap.

Sreyleak, gérante du Coffee Shop.

Leçon #4 : mieux travailler en équipe pour plus d’efficacité

L’équipe sociale, en relation permanente avec nos étudiants et leurs familles, est au cœur de nos actions depuis de nombreux mois. Leur travail a été essentiel pour effectuer un suivi de nos familles et répondre efficacement à l’urgence. Soky, responsable de l’équipe sociale, se dit aujourd’hui fière du travail accompli par ses collègues.

Nous avons dû travailler main dans la main et cela n’a pas été toujours facile. Il a fallu penser nos actions en tant qu’équipe, pour se diviser les tâches. Nous nous sommes rendus compte de ce que nous devions faire et préparer pour être plus efficace sur le terrain. Je suis vraiment fière de notre travail ; nous avons été très occupés et il a fallu travailler dur mais nous n’avons jamais cessé d’agir en pensant aux familles et aux enfants.”

Soky, responsable sociale.

Au-delà de l’équipe de l’Ecole du Bayon, il a également fallu travailler avec les autorités locales, puisqu’il était difficile de se déplacer. “Nous avons travaillé conjointement avec les chefs des villages et des communes. Ils ont souvent fait le relai entre nos bénéficiaires et nos équipes, ce qui nous permettait de garder un lien, même lorsque nous ne pouvions circuler entre les zones.” explique Thorth.

Nous retenons de cette période la puissance d’un travail en équipe : nous pouvons nous aider les uns des autres pour ainsi aider ceux qui sont le plus dans le besoin. Grâce à tous ces enseignements, l’équipe est aujourd’hui d’autant plus soudée. 

Prendre conscience de son rôle

Prendre conscience de son rôle

 Cela va faire 4 mois que j’ai atterris au Cambodge, et je n’ai rien vu passer. Depuis ma sortie de quarantaine, cela a été un tourbillon de découvertes et j’ai parfois l’impression d’être arrivée seulement hier tant le temps passe vite. 

On m’avait prévenu que Siem Reap était sans dessus-dessous et que le passage du Covid avait eu un impact considérable sur la ville, en plus des travaux de rénovation de toutes les routes. Et en effet, la première impression est, comment dire, poussiéreuse ? 

De plus, la fermeture de 80% des hôtels, restaurants et bars donnaient à la ville, à cette période, des allures de ville fantôme. Si le choc a été un peu brutal, j’avais cependant eu le temps de l’anticiper et je m’y étais préparée, ce qui a sûrement rendu mon arrivée plus douce que ce qu’elle aurait pu être.

Passées les premières impressions, j’ai surtout (et enfin!) pu rencontrer toute l’équipe de l’Ecole du Bayon et découvrir à quoi ressemble l’école, le travail de chacun et ce pour quoi nous sommes engagés. Et quel bonheur ! J’ai découvert leurs visages et j’ai enfin pu mettre des sourires sur leurs prénoms

J’ai pu me rendre à l’école d’agroécologie, à l’école de pâtisserie puisque nos bureaux y sont, et à l’école primaire, lieu particulier puisqu’elle se trouve dans l’enceinte des temples, à l’abri du soleil et du bruit de la ville. Si toutes les écoles étaient encore fermées, la découverte de ces lieux m’a tout de même permis de mieux comprendre notre fonctionnement et notre organisation.

Je me suis également rendue auprès des farmers pour découvrir leurs potagers, et j’ai été impressionnée par le travail de ces femmes qui travaillent la terre. Souvent seules, leur production permet de nourrir nos familles bénéficiaires. Il y a tant à raconter sur elles, et les quelques photos que j’ai pu réaliser parlent souvent d’elles-mêmes. 

Je me rappelle qu’après cette première visite, Sakoth, le manager du programme d’agroécologie, m’a ramenée en ville sur sa moto et n’ayant aucune idée du chemin par lequel nous rentrions, je me suis laissée guider. Quelle surprise quand je me suis rendue compte que nous étions sur la route des temples et que j’ai vu se dresser devant moi ces magnifiques pierres, et l’impressionnant temple d’Angkor Wat, si majestueux lorsque nous l’apercevons pour la première fois !

J’ai été scotchée par ce spectacle qui m’a fait réaliser la chance que j’ai d’être ici, en pleine pandémie.

Aujourd’hui, 4 mois après, j’ai eu le temps de trouver mon rythme et je connais Siem Reap (presque) comme ma poche. La situation sanitaire s’est nettement améliorée depuis septembre et nous n’avons plus aucune restriction, ce qui permet d’apprécier la ville différemment. Les routes sont bientôt terminées, on aperçoit quelques touristes revenir et cela nous laisse penser que l’on s’en va vers du mieux – même si la situation en Europe en alarme plus d’un.

Les écoles sont rouvertes depuis fin novembre, pour le plus grand bonheur de l’équipe, mais aussi des élèves. Voir l’école primaire se remplir de toutes ces petites têtes dès le matin rend le travail encore plus enrichissant qu’il ne l’est déjà.

Ma mission a pris toute sa dimension en étant ici. Je sais pourquoi et pour qui je m’investis, je vois les résultats de nos actions et j’observe les progrès que nous faisons. J’ai échangé avec l’équipe, j’ai écouté leurs parcours de vie et leurs réflexions et je prends conscience du rôle que nous avons, en tant que volontaires sur le terrain. 

Je me questionne sur ce que nous avons et devons leur apporter, comment être un soutien, à leurs côtés, tout en les laissant guider les projets car eux, plus que quiconque, connaissent les enjeux de leur pays. Les conséquences de leur histoire et les situations dans lesquelles sont les populations les plus vulnérables. Je crois qu’il est important lorsque l’on se rend sur un terrain, d’être conscient de ces différents enjeux et de savoir mettre un pied en arrière lorsque la réflexion est trop éloignée de notre réalité, et de ce que nous pensons connaître du pays dans lequel nous partons. 

Je crois qu’il faut être conscient que, si pour la plupart nous ne sommes que de passage, pour ceux qui vivent ici et travaillent à l’Ecole du Bayon, cet engagement est celui de toute une vie.

Je vois mon rôle comme celui d’une petite main dans l’ombre, permettant de mettre en lumière celui de l’équipe ici. J’aime partager mes connaissances et leur donner les outils pour qu’ils puissent le faire eux-mêmes, échanger avec eux et me questionner sur la manière dont nous articulons notre travail pour être certain(e)s qu’il porte ses fruits. 

J’aime l’idée que nous sommes là pour semer ce que nous connaissons et orienter le travail vers des décisions justes et durables. Durable socialement, écologiquement et économiquement. Ne pas reproduire les mêmes schémas que ceux que nous connaissons tous, offrir à ces enfants un avenir meilleur et leur apporter les clés pour comprendre le monde et dessiner le leur

J’espère développer ces idées auprès de l’Ecole du Bayon le temps que je serais ici, à leurs côtés. J’espère vous montrer quelle est l’histoire derrière tout ce travail, quelles sont les questions, les réponses que nous trouvons. J’espère retranscrire dans mes écrits et les contenus que je vous partage, cette dynamique que nous souhaitons instaurer. Me questionner et vous questionner à votre tour sur les difficultés rencontrées ici, qui, bien qu’elles soient physiquement éloignées de vous, sont bien souvent l’écho de ce que nous connaissons chez nous. 

J’espère vous témoigner la volonté et l’engagement de nos membres, celle d’une équipe locale qui ne perd jamais de vue son objectif : offrir aux jeunes de la région d’Angkor une éducation de qualité pour leur assurer un meilleur avenir.

REGARD SUR … – « Il est l’heure de partir » par Pénélope

Quand j’ai su il y a maintenant 3 mois que je viendrais au Cambodge dans le cadre d’un Volontariat de Solidarité Internationale avec l’École du Bayon, l’excitation et l’appréhension se sont quelques peu mélangées. Bien que je n’en sois pas à ma première expatriation, celle-ci avait d’ores et déjà une saveur particulière.

Premièrement parce que j’avais eu l’occasion de découvrir un petit bout du continent asiatique il y a quelques années et que les souvenirs que j’ai depuis tout ce temps ne se sont jamais effacés, bien au contraire. Je n’ai jamais cessé de répéter à qui voulait bien m’entendre qu’un jour, je reviendrai.

Deuxièmement, et là est toute la valeur de ce départ, parce que j’y vais dans un contexte singulier, pour une ONG, dans un domaine qui me porte depuis que j’ai commencé à imaginer à quoi ressemblerait mon projet professionnel, et qui correspond à ce pourquoi je voulais m’engager. Depuis toujours, j’essaie de comprendre comment notre monde fonctionne, quel est son équilibre, comment nos sociétés s’articulent entre elles, et surtout quelles sont nos différences. Culturelles, identitaires, sociales, je me suis toujours questionnée sur l’importance de ces différences et sur ce qu’elles ont à nous apprendre des autres. Je crois sincèrement qu’il est important d’apprendre à regarder autour de soi pour espérer trouver les ressources nécessaires à un monde plus égalitaire, à un équilibre propice aux changements et aux progrès. Je crois aussi que c’est en se tournant vers les autres que l’on peut se tourner vers ce que nous sommes et ce que nous voulons être. 

En partant m’engager auprès de l’École du Bayon, c’est un mélange de toutes ces questions que j’emporte avec moi, et qui guident mon travail au quotidien.

Je me penche notamment sur le rôle que la communication a dans la transmission de notions d’équité, de justice sociale et de droits civiques. Je m’interroge sur les multiples outils que nous avons pour mettre en lumière ce qu’il se passe ailleurs et pour faire rayonner des initiatives sociales et humanitaires parfois trop peu partagées.

Ayant commencé à travailler depuis la France, j’ai eu le temps d’imaginer à quoi ressemblerait mon travail et ma vie ici. Ma tête est déjà remplie d’images inventées par mon esprit, que j’ai hâte de remplacer par de vrais souvenirs. Imaginer à distance ce à quoi ressemble le terrain sur lequel nous partons et travaillons est une expérience plutôt singulière, si bien que mes appréhensions du début ont finalement laissé place à l’excitation grandissante de partir, enfin. 

D’enfin découvrir à quoi ressemble l’école, de rencontrer l’équipe autrement qu’à travers un écran d’ordinateur, de pouvoir rendre visite aux familles et aux enfants, d’arrêter d’imaginer leurs sourires mais de pouvoir leur en faire également, d’admirer le travail de ces femmes qui cultivent la terre, de goûter les pâtisseries de nos cheffes en herbe, de pouvoir enfin faire partie de ce que toute l’équipe aime appeler cette grande famille de l’école du Bayon.

Jour J, le 12 août. Après un départ chaotique et une course dans l’aéroport pour ne pas rater mon avion ; en cause, un test PCR refusé à l’enregistrement qui m’a valu quelques sueurs froides et pas mal de stress, je suis enfin dans l’avion, épuisée des derniers jours et des aurevoirs à mes proches mais heureuse de finalement décoller vers le Cambodge. 

Après 15h de vol, une courte escale à Singapour et 3 tests PCR pour me souhaiter la bienvenue, direction l’hôtel pour la quarantaine. Je retrouve à travers la vitre du bus la chaleur écrasante et humide, l’effervescence des scooters et des tuk tuks dans tous les sens, les stands ambulants de fruits et légumes, le bruit des klaxons et des moteurs, et j’ai du mal à réaliser que je suis finalement arrivée.

Jour 10. Lorsque j’écris ces lignes, nous sommes le 23 août et je suis en quarantaine depuis maintenant 10 jours. Plus que 4 ! Depuis que je suis ici, mon travail prend plus de sens et les choses deviennent plus réelles. Je prends davantage conscience de mon rôle et de celui de chacun pour assister nos familles. Mon engagement et ma motivation prennent de plus en plus de place et je trépigne d’impatience à l’idée de pouvoir échanger et mettre en forme toutes mes idées avec l’équipe sur place.

Vue de ma chambre de quarantaine, depuis le 11ème étage.

Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre ni ce que cette année va m’apporter. Je me laisse doucement porter et guider par l’énergie que je ressens déjà ici. J’espère pouvoir donner à mon travail et à mon engagement une dimension encore plus large que celle que je m’efforce d’avoir au quotidien. D’abord pour eux, les enfants pour lesquels l’Ecole du Bayon oeuvre au quotidien, en leur apportant mon soutien et en les accompagnant du mieux possible vers cet apprentissage précieux qu’est celui de l’école, et puis ensuite un peu pour moi, en espérant grandir encore, car je sais déjà que de toutes mes expériences à l’étranger, celle ci sera sûrement la plus riche en émotions.

Quand vous lirez ce texte, je serai déjà à Siem Reap depuis quelques semaines, et je prendrai le temps de vous témoigner mon ressenti pour vous dire si les images dans ma tête et celles que je partage avec vous pour la communication du Bayon sont les mêmes que celles qui existent pour de vrai.

De l’importance d’une base de données

De l’importance d’une base de données

Pinelopi, stagiaire à Bayon Education & Development (BED) pendant 6 mois, nous parle de la base de données qu’elle a créée pour permettre la centralisation des données relatives à nos bénéficiaires. Une tâche qui a première vue paraît évidente, mais qui s’avère à la fois complexe, technique mais aussi vitale pour améliorer la qualité des programmes que nous mettons en œuvre.

En septembre 2020, je suis arrivée à BED pour concrétiser un outil sollicité par les membres des équipes sociales et de santé. Le projet ? Développer et mettre en place une base de données qui permettrait de regrouper et d’organiser les données collectées sur les bénéficiaires ainsi que d’aider aux besoins de suivi et d’évaluation de BED.

La base de données et son contenu

La base a été construite à l’aide d’un logiciel en ligne appelé TeamDesk. Un outil personnalisé pour refléter les besoins de BED en matière de collecte de données et d’organisation de trois composantes principales : sociale, santé et éducation.

Tout au long de leur scolarité, de la maternelle à la douzième année (équivalent de la fin du lycée), et dans certains cas jusqu’à l’université, les bénéficiaires sont suivis par l’équipe de travailleurs sociaux, de professionnels de la santé et d’éducateurs de BED. Les données sociales, de santé et d’éducation collectées par nos équipes sont essentielles au bon suivi de chaque bénéficiaire ainsi qu’à l’évaluation de l’efficacité et de l’impact de nos programmes. Ainsi, la base de données stocke actuellement les informations des bénéficiaires inscrits dans nos programmes d’école primaire, de suivi et d’université (372 élèves et 242 familles).

Pourquoi une base de données ?

Avant la mise en place de la base de données, BED cherchait un moyen d’améliorer sa stratégie de suivi, d’évaluation des bénéficiaires et de ses programmes. Étant donné que les renseignements étaient recueillis par différentes équipes et qu’ils étaient auparavant stockés dans plusieurs fichiers Excel sans lien entre eux, l’analyse des composantes de la collecte de données s’avérait difficile. De plus, il était compliqué de partager les informations entre les équipes.

Enfin, de nouveaux dossiers étaient créés chaque année, ce qui rendait d’autant plus complexe le suivi des élèves et des familles dans le temps et l’évaluation de l’impact et de l’évolution du BED.

Par conséquent, la nouvelle base de données devait répondre à trois besoins fondamentaux :

  • la capacité de stocker et de relier les données des bénéficiaires en un seul endroit
  • de conserver un historique des données collectées,
  •  Facilité l’analyse de ces données.

Valeur et impact

 Au sein de la base de données, chaque élève et chaque famille dispose d’un dossier personnel qui regroupe les informations collectées par les équipes tout au long de leur prise en charge à BED. Ceci a deux implications importantes :

  • l’équipe a accès à un dossier complet pour suivre chaque élève et famille et
  • les informations relatives aux bénéficiaires ou à un programme peuvent être suivies au fil des années.

Outre l’impact sur l’organisation et le suivi des données, la base a également influencé la manière dont chaque équipe recueille ses données. Les enseignants de l’école primaire peuvent désormais enregistrer les présences et les résultats des examens directement sur leur téléphone ou une tablette, les visites médicales sont enregistrées à l’aide d’une tablette, et les travailleurs sociaux ont la possibilité de mettre à jour les informations d’une famille au moment de leur visite. Cette fonctionnalité permet à toutes les équipes d’avoir un accès immédiat aux informations mises à jour en temps réel à mesure qu’elles sont collectées.

Etudiants du programme follow-up
rencontre avec les étudiants boursiers

Enfin, les informations peuvent également être organisées sous forme de tableaux, de graphiques et de chiffres. Cela permet notamment à la direction de BED de se faire une idée de la performance des différents projets qu’elle implémente et de constater de manière moins abstraite les progrès réalisés au fil des ans.

Mise en œuvre et avenir

Parce que BED a aussi pour vocation de faire monter en compétence son staff, plusieurs sessions de formation ont été dispensées et les équipes locales sont désormais autonomes dans l’utilisation de la base de données.

fichier illustratif de la data base
Illustration des fichiers disponibles sur la database

Bien que ce projet commence avec trois programmes (primaire, suivi et universitaire), l’objectif à long terme serait de réaliser la collecte de données pour tous les autres programmes de BED sur la base de données. En fin de compte, l’objectif principal reste d’aider l’équipe et la direction de BED à relier les informations entre les différentes tâches de collecte de données et d’améliorer la capacité de l’organisation à suivre l’évolution des bénéficiaires et des programmes au cours des années à venir.

De mon point de vue, ce fut une expérience incroyable que celle de travailler en collaboration avec chaque personne de BED pour mener à bien ce projet. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un véritable apprentissage pour moi ainsi que pour tous les membres de l’équipe qui ont dû s’adapter à ce nouvel outil pour mener à bien leur travail en faveur des enfants et des familles que l’ONG soutien depuis des années.

De la maternelle à un diplôme qualifiant : le parcours éducatif du Bayon

De la maternelle à un diplôme qualifiant : le parcours éducatif du Bayon

La mise en place d’un parcours éducatif continu pour tous les enfants de l’école primaire du Bayon répond à notre volonté de leur assurer une meilleure intégration sociale et professionnelle.

Nous nous devons d’amener tous les enfants du Bayon à réaliser leur rêve.

Pour cela, nous venons d’entamer une reforme éducative au sein même de nos programmes afin d’offrir cette possibilité à chaque enfant du Bayon.

Nous nous sommes fixés des objectifs simples mais indispensables à la bonne réussite de leur projet professionnel :

  • Soutenir l’enfant tout au long de son parcours éducatif jusqu’à un diplôme qualifiant
  • Orienter et accompagner l’enfant dans la réalisation de son projet professionnel
  • Individualiser et personnaliser le suivi de l’enfant
  • Aider les enfants les plus en difficultés au niveau éducatif et/ou social
  • Améliorer la qualité de l’enseignement

Chaque enfant qui va débuter sa scolarité au sein de l’école primaire du Bayon par la grande section de maternelle va être suivi jusqu’à la réalisation de son projet professionnel.

« À côté du raisonnement et de la réflexion intellectuelle, le sens de l’observation, le goût de l’expérimentation, la sensibilité, les capacités motrices et l’imagination créatrice sont développées. »

enfant porte des fournitures scolaires

L’école primaire est une période qui joue un rôle déterminant dans le cursus scolaire de chaque élève. Nous souhaitons donc apporter une attention toute particulière au développement des apprentissages fondamentaux (lire, écrire, compter et respecter autrui). Pour cela, nous avons dédoublé les classes de CP, CE1 et CE2 et mis en place des cours de soutien pour les élèves les plus en difficultés. Un éveil à la culture, art, musique et sport a également été renforcé. Ce socle de base est primordial pour appréhender sereinement les classes de CM1, CM2 et 6éme et renforcer les capacités d’apprentissage des élèves. L’école primaire correspond également à une première ouverture sur le monde et un moment ou le développement personnel de l’enfant doit être activement encouragé.  

C’est pourquoi à l’école du Bayon, nous implémentons une pédagogie centrée sur les élèves et leurs capacités individuelles.

enfants de maternelles en classe
enfants essayent un instrument de musique
enfants en uniforme de sport célèbrent

Le suivi des élèves en écoles secondaires est quant à lui facilité par l’ouverture le 8 février 2021 d’un Community Center. Au sein de cette nouvelle structure, les élèves ont accès à des cours de soutien en littérature khmer, mathématiques et anglais. Un suivi individualisé est possible par la présence d’un travailleur social directement au centre. Au-delà du suivi scolaire, nous nous engageons également à orienter les jeunes dans leur parcours éducatifs puis professionnel car leur projet professionnel commence là ! La mise en place d’un processus d’orientation professionnel, métier et formation, va donc aider les élèves à faire le bon choix entre l’accès à la formation professionnelle ou à des études universitaires.

Distribution de matériels scolaires aux étudiants
rencontre avec les étudiants boursiers
distribution de matériels scolaires

Qu’ils veuillent être mécaniciens, boulangers ou infirmières, nous sommes là pour les aider à réaliser leur rêve.