Des abeilles pour les mamans de l’Ecole du Bayon

Des abeilles pour les mamans de l’Ecole du Bayon

Lancé en 2021 par l’Unesco et Guerlain, le programme Women for Bees, dont la marraine est Angelina Jolie, a pour but de promouvoir l’apiculture à travers le monde tout en renforçant le rôle des femmes au sein de leur communauté.

Avant d’avoir une dimension sociale, le programme est principalement axé sur la protection et le repeuplement des abeilles, responsables de 90% de la pollinisation des fleurs sauvages à travers le monde. Aujourd’hui menacées par le dérèglement climatique, l’UNESCO prévoit d’installer 2500 ruches dans 25 réserves de biosphère à travers le monde : en France, en Italie, en Bulgarie, en Slovénie, en Russie, en Ethiopie, au Rwanda, en Chine ainsi qu’au Cambodge. En effet, la région du Tonlé Sap constitue une des plus grandes réserves de biosphère actuelles et la majestueuse forêt entourant les temples d’Angkor un lieu propice à leur développement.

L’initiative vise à étudier les bénéfices de la pollinisation tout en mettant les femmes au cœur de l’action. Métier majoritairement masculin, le programme Women for Bees, Des Femmes pour des Abeilles en français, encourage les femmes à être des « conceptrices du changement » en devenant apicultrices. La formation se déroule sur plusieurs semaines et consiste à enseigner à ces femmes les techniques d’une apiculture durable, les encourageant ainsi à apprendre et devenir de vraies expertes dans le domaine, avant de pouvoir étendre leurs connaissances à d’autres.

Au Cambodge, l’enjeu est de protéger les abeilles sauvages du pays, regroupant 4 espèces au total, là où en France qu’une seule espèce existe. Eric Guérin, biologiste français et spécialiste de la conservation des abeilles sauvages d’Asie et de l’apiculture durable, est en charge du programme à Siem Reap et forme 6 femmes au métier d’apicultrice, en travaillant avec l’une des espèces d’abeilles asiatiques qui existe ici, « l’apis cerana ». Sur ces 6 femmes, 4 sont des mamans dont les enfants sont à l’Ecole du Bayon.

 « Au-delà de l’apprentissage de compétences techniques, cette formation est l’opportunité pour elles de s’émanciper, par la prise de conscience qu’elles sont finalement capables de le faire. Toutes, la première fois, et comme souvent au Cambodge parmi les populations les plus défavorisées et notamment les femmes, répondent qu’elles ne sauront pas faire, ou qu’elles n’ont pas les moyens d’apprendre. Et finalement, elles ont été elles-mêmes surprises de leur capacité à se former sur le sujet. » explique Eric, qui travaille avec elles chaque semaine sur le terrain.

Situées dans l’enceinte des temples d’Angkor, ces futures apicultrices sont toutes issues d’un milieu défavorisé, critère de sélection pour faire partie du projet : si l’objectif numéro 1 est de préserver les abeilles, symbole fragile d’une planète abimée par le dérèglement climatique, l’objectif numéro 2, tout aussi important, est de renforcer les compétences des femmes à travers le monde en les incluant dans la préservation d’un environnement durable.

Eric explique qu’au cours des semaines, elles se sont transformées : « les femmes que j’ai aujourd’hui en face de moi ne sont pas les mêmes qu’il y a 4 mois. Elles ont gagné en assurance, s’expriment librement, donnent leur opinion. Leur transformation est remarquable, tout comme leur envie d’apprendre. »

Elles ont, plus que d’autres, un rôle important à jouer, notamment lorsque l’on sait qu’elles sont les premières impactées par le réchauffement climatique à travers le monde (PNUD), et que les conséquences de ces dérèglements entraînent des inégalités indirectement liées aux questions de genre et d’oppressions sociales auxquelles les femmes du monde entier font face aujourd’hui (Nations Unies).

A l’issue de la formation donnée par Eric Guérin, nos apicultrices en herbe travailleront conjointement avec certains guides des temples d’Angkor pour proposer aux touristes une visite de leurs ruches et une séance de sensibilisation à la préservation des abeilles à travers le monde. Cette activité leur permettra également de pouvoir générer un revenu complémentaire à leurs activités quotidiennes, améliorant ainsi leurs conditions de vie actuelles.

« La visite des ruchers par les touristes sera très importante, car cela permettra à ces femmes de voir que ce qu’elles font intéresse des gens du monde entier, qu’elles ont des choses à apporter et que ce qu’elles maîtrisent maintenant, peu de gens savent le faire également. »

Angelina Jolie est notamment venue leur rendre visite récemment, sur leurs terrains, pour les encourager et constater les progrès. C’est une chance inouïe pour elles de s’affirmer et de prendre confiance en elles, au sein de leurs communautés.

C’est également l’occasion pour ces femmes de partager leurs connaissances aux jeunes et moins jeunes de l’Ecole du Bayon qui les entourent et d’aider ainsi les autres à s’élever autour d’elles.

Écrit par Pénélope Hubert, responsable de la communication à l’Ecole du Bayon.

Les activités périscolaires à l’école primaire du Bayon: Rendre ludique l’apprentissage

Les activités périscolaires à l’école primaire du Bayon: Rendre ludique l’apprentissage

Quels types d’activités sont mises en place au sein de l’Ecole du Bayon ? Quelles est la valeur/dimension pédagogique de ces activités ?

Les activités mises en place dans notre école primaire sont principalement des activités culturelles ou sportives. Elles permettent aux enfants de découvrir des lieux, des pratiques, des activités qu’ils n’ont jamais faites. Habitant principalement dans l’enceinte des temples d’Angkor et aux alentours, nos élèves n’ont pas souvent l’occasion de sortir de cette zone et de visiter en profondeur la ville de Siem Reap. Par la mise en place de ces activités, nous cherchons à rendre concret et ludique leur apprentissage théorique en visitant par exemple des musées sur l’histoire du Cambodge ou sur l’histoire des temples. Mais aussi en visitant des fermes de soie, de papillons, de lotus, ou en allant à la rencontre d’ONG spécialisées dans la formation de rats ou de chiens démineurs, dans les arts du cirque et de danse khmère.

Chaque activité est pensée pour apporter de nouvelles connaissances aux enfants, développer leur culture générale mais aussi pour les distraire et pouvoir sortir du cadre de l’école.

Jusqu’à maintenant, nos élèves ont eu l’occasion de découvrir :

  • Apopo, un centre de rats démineurs
  • Senteur d’Angkor, un atelier d’artisanat cambodgien
  • Bayon Pastry School, un cours de pâtisserie avec nos élèves
  • Silk Farm Project, une ferme de soie
  • Khmer ceramic, un cours de poterie
  • Angkor zip line, une tyrolienne dans la forêt
  • Lotus farm, une ferme de lotus
  • Mini khmer Historical Museum, l’histoire du Cambodge
  • Butterfly farm, une ferme de papillons
  • Phare circus, un spectacle d’acrobaties

A quelle fréquence ces activités ont-elles lieu ?

Depuis la reprise des activités en Février 2022 elles ont lieu 2 fois par mois en moyenne. Nous séparons les classes en deux groupes (environ 15 élèves) et alternons d’une activité à l’autre pour qu’à la fin de l’année, les élèves puissent avoir participé à deux activités minimums.

Comment réagissent les enfants face à ce type d’activités ?

Les enfants sont toujours très heureux de quitter l’enceinte de l’école et de prendre un tuk tuk pour découvrir l’activité qui les attend. Ils sont très attentifs au trajet et à ce que l’on peut apercevoir sur la route car depuis 2 ans, avec la crise du Covid, toutes les activités ont cessées. La plupart d’entre eux n’ont pas encore eu la chance de quitter l’école pour découvrir une autre activité, ce qui les rend encore plus enthousiastes.

 

« Les enfants découvrent et vivent des expériences qu’ils n’ont et n’auront jamais l’occasion de faire dans leur vie de tous les jours. Ils apprennent l’histoire des lieux qu’ils visitent, comment et pourquoi ce lieu a-t-il été créé. Les activités extérieures permettent aux élèves de découvrir ce à quoi ressemble la vie en dehors de leurs villages, de vivre des expériences par leurs propres yeux, leur toucher, leur goût et leur odorat. De plus, ces lieux leur permettent de développer leur imagination et de leur faire réaliser toutes les possibilités qui s’ouvrent à eux. » Sokhea, responsable des activités.

Travaillez-vous avec des partenaires locaux pour l’organisation de ces activités ?

Nous travaillons exclusivement avec des ONG basées à Siem Reap. Nous les contactons pour leur demander de nous accueillir gratuitement, en nous faisant une visite de leur site, ou une activité manuelle en lien avec leur programme. Au fil des années nous établissons de forts liens avec ces ONG qui pour certaines, nous accueillent tous les ans !

 

Cependant, depuis la crise du Covid, plusieurs ONG ont fermées ou bien ne peuvent plus nous accueillir gratuitement, et cela devient de plus en plus compliqué pour trouver des sorties. Les touristes étant pour la plupart leur source de revenus ; sans leur venue, les ONG ont du mal à faire perdurer leurs activités, et donc à accueillir gratuitement des organisations comme la nôtre.

Écrit par Elisabeth Demaegdt, volontaire à l’Ecole primaire.

Le projet des farmers du Bayon évolue : Vers la commercialisation de leurs légumes !

Le projet des farmers du Bayon évolue : Vers la commercialisation de leurs légumes !

Lancé en 2018, le projet Potager avait pour objectif de former des mamans de l’école primaire à l’agriculture biologique. Grâce à des bénévoles, volontaires et membres du Bayon, ce sont une dizaine de femmes qui ont (ré)appris à cultiver leur jardin. Aubergines, courges, tomates, piment… Année après année, nos farmers gagnent en compétences et en autonomie. Elles ont vu leur production augmenter et leurs conditions de vie s’améliorer. Depuis le début du projet, le Bayon les aide à commercialiser leur production.

Cette année, afin de leur assurer un revenu supplémentaire et de mettre en avant leurs produits, nous avons lancé la vente de paniers de leurs légumes au Coffee Shop de l’école de pâtisserie du Bayon.

Une monoculture intensive

Selon la Banque mondiale, le secteur agricole du Cambodge contribue à hauteur de 22 % du produit intérieur brut. Le riz représente plus de la moitié des produits agricoles du Cambodge et fait du Cambodge l’un des 10 premiers exportateurs de riz au monde. A contrario, la production de fruits et légumes cambodgiens ne répond qu’à 30 % de la demande locale. Le reste est principalement importé de Thaïlande et du Vietnam.

Avec une population principalement rurale (76,6 % en 2018) et un tiers de ses habitants vivant avec moins d’1 $ par jour, le Cambodge fait face à des problèmes auxquels l’agriculture européenne a déjà été confrontée. La plupart des agriculteurs sont de petits exploitants qui cultivent moins de 2 hectares de terres par foyer.

Afin de répondre à une demande croissante et par manque de connaissance d’autres solutions, la plupart des légumes et fruits sont cultivés de manière intensive et grâce à de nombreux intrants chimiques. L’usage massif de ces pesticides combiné à la monoculture du riz, empêche la régénération des sols et entraîne une baisse des rendements des produits actuels. Le ministre de l’Agriculture, commence peu à peu à prendre en compte les enjeux de l’agriculture intensive au Cambodge, mais des solutions concrètes ne sont pas encore apportées.

La place de la femme en milieu rural

Dans les pays en développement, les femmes jouent un rôle majeur dans la gestion de leur foyer et de leur communauté afin d’apporter une sécurité alimentaire et d’améliorer les conditions de vie en général. Néanmoins, elles sont confrontées à de nombreuses difficultés notamment en matière de droit humain et d’égalité de revenus. Elles ont un accès restreint à l’éducation et très peu d’indépendance, ce qui ne facilite pas leur évolution au sein de la société.

Les femmes en milieu rural représentent près de 43 % de la main-d’œuvre agricole. Malheureusement, ces femmes agricultrices sont considérées comme “des travailleuses familiales non rémunérées ou contributrices”. Elles ont donc une source de revenus bien moindre que celle des hommes ce qui ne leur permet pas d’accroître les rendements de leurs exploitations. Il est donc important de repenser ce système financier pour répondre aux besoins de ces femmes qui contribuent pleinement à la vie de leur foyer et leur permettre de s’émanciper davantage.

La création du projet Potagers à l’École du Bayon

À l’École du Bayon, la transmission des principes de l’agroécologie auprès des familles des enfants scolarisés au sein de notre école primaire, nous a semblé être une solution viable et efficace sur le long terme. C’est pourquoi, depuis février 2018, onze potagers ont été mis en place dans les jardins des familles que nous soutenons.

L’objectif initial de la création de ces potagers était de fournir la cantine d’Élodie (Cantine de l’école primaire accueillant 250 élèves au déjeuner) en légumes cultivés localement et sans pesticides, tout en permettant aux familles de dégager un revenu supplémentaire. Le Bayon a ensuite mis en place des distributions de légumes pour venir en aide aux familles pendant l’épidémie de Covid-19 et a organisé des partenariats avec des supermarchés comme le Farmer Market.

En 2021, 17,6 tonnes de légumes ont été vendues. Cela représente une augmentation de 35 % par rapport à l’année précédente. Cette production de légumes a généré 13 350 $ de revenus provenant principalement de la distribution de légumes mise en place pendant le Covid-19 (70 %), les cantines de l’école primaire et de la pâtisserie (20 %) et le Farmer Market à Siem Reap (10 %).

En août 2022, nous allons mettre fin à l’aide alimentaire, en espérant que la situation économique de nos familles se soit stabilisée. Il est donc nécessaire de trouver d’autres sources de revenus pour nos farmers.

Une solution parmi d’autres : La vente de paniers de légumes

Afin de diversifier les sources de revenus, nous avons donc mis en place le 5 avril 2022, la vente de panier de légumes des farmers au Coffee Shop de l’école.

 

Chaque semaine, le jeudi, nous ouvrons la prise de commande de panier en fonction des quantités produites par les farmers. Aubergines, haricots kilomètre, courgettes, citrouilles, citrons verts, piments, tomates, radis… Chaque semaine la composition des paniers change en fonction de la production. Le mardi nous recevons les légumes commandés au Coffee Shop et nos équipes répartissent les légumes dans les paniers. Les clients ont la possibilité de rajouter le pain frais de la semaine, préparé par notre chef. Ils viennent chercher leur panier au Coffee Shop ou peuvent se faire livrer directement chez eux.

 

La vente des paniers permet de mettre en place une réelle synergie entre les différents projets de notre école. En vendant les paniers, cela assure aussi une source de revenu supplémentaire et une visibilité au Coffee shop et permet donc de financer une partie de la formation en pâtisserie de nos étudiantes.

 

Les premières commandes ont été un réel succès. Les clients en redemandent et sont heureux de participer à notre projet, tout en achetant des produits bons pour leur santé. C’est une première phase vers un déploiement des ventes des légumes biologiques des farmers dans les supermarchés et restaurants de Siem Reap.

 

Alors n’attendez plus, réservez votre panier de légumes et parlez-en autour de vous !

 

Écrit par Morgane Boudoul, chargée de communication à l’Ecole du Bayon.

L’association Les Enfants d’Angkor Wat : quelle est sa mission ?

L’association Les Enfants d’Angkor Wat : quelle est sa mission ?

Créée en 2012 par Dominique Roussel, l’association Les Enfants d’Angkor Wat soutient Bayon Education & Development au Cambodge, permettant à notre organisation et nos équipes locales de développer plusieurs projets, principalement liés à la question de l’éducation générale. Dominique nous explique quelle est sa mission et les raisons de son engagement.

Qu’est-ce que les « Enfants d’Angkor Wat » ?

« Les Enfants d’Angkor Wat » est une Association Loi 1901 à but non lucratif, dont la finalité est, grâce à ses donateurs, d’aider à l’éducation, au sens large du terme, des enfants cambodgiens parmi les plus pauvres.

Nous intervenons dans les domaines de la scolarité, de la santé, de la formation professionnelle.

Notre objectif est donc d’aider ces enfants, dans des contextes familiaux souvent difficiles, à accéder de façon pérenne à l’école, à construire leur avenir, à acquérir des valeurs fondatrices pour ce qui sera leur vie.

Quelles sont les grandes lignes directrices de votre projet ?

 Nos actions sont guidées par 3 principes :

  • L’école est un lieu d’épanouissement …

Au-delà des apprentissages intellectuels et culturels classiques, nous souhaitons que l’école soit un lieu où l’enfant découvre ce qu’il a la « possibilité d’être » … et non « l’obligation d’être » que la misère familiale peut lui imposer. Il y découvre des droits et des devoirs mais explore aussi ses propres potentialités afin de pouvoir faire des choix éclairés pour son avenir.

  • La santé reste une préoccupation majeure

Même si les choses s’améliorent avec le temps, la santé est un domaine dans lequel il y a toujours à faire. La nutrition reste précaire pour beaucoup d’enfants et quand elle est chroniquement insuffisante ou déséquilibrée, elle génère différentes pathologies impactant la croissance de l’enfant. De plus des maladies non détectées à la naissance sont parfois identifiées ultérieurement. Nous facilitons l’accès aux soins et les prenons en charge financièrement car la santé est toujours un luxe pour les plus pauvres.

  • L’employabilité future des enfants est un investissement prioritaire

Construire l’avenir de ces enfants est notre raison d’être.

Dans nos projets nous investissons dans les domaines clés qui sont et seront des discriminants lors de leurs futures recherches d’emploi. Ainsi l’informatique, l’anglais et l’écologie sont des enjeux majeurs dans l’éducation des enfants, compte tenu de leur omniprésence dans la vie quotidienne et des critères de sélection dans les recrutements. Autant de formations auxquelles la pauvreté ne leur donnerait pas accès.

Quel besoin avez-vous identifié au Cambodge ?

Il ne faut pas oublier, en Asie, le pouvoir que les parents gardent tout au long de leur vie sur les enfants. Je pense qu’il faut toujours plus communiquer avec eux, leur expliquer ce que nous faisons, les valeurs qui nous animent et dont nous parlons aux élèves …

Sinon le risque est grand de faire fonctionner deux univers en parallèle, la famille et l’école, et que l’un ne soit pas le relais de l’autre …

Il faut donc être très inclusifs au niveau des parents : partager le projet pédagogique et les impliquer dans le suivi autant qu’ils le peuvent, afin que l’école ne soit pas uniquement un lieu qui leur évite d’avoir à nourrir les enfants ou de les garder pendant qu’ils travaillent. Les travailleurs sociaux cambodgiens et les volontaires font un travail extraordinaire en ce sens. Il faut continuer et amplifier afin d’éviter des déscolarisations ultérieures car l’enfant reste trop souvent une variable d’ajustement de l’économie familiale.

Quels sont les projets dans lesquels vous investissez ?

Chaque âge à ses besoins spécifiques, nous avons donc opté pour créer et mettre en place des projets pour chaque tranche d’âge, de la petite enfance à la formation professionnelle.

Avec Bayon Education & Development, ONG cambodgienne, avec qui nous avons signé un partenariat et qui suit localement ces projets, nous gérons une classe maternelle pour les enfants défavorisés de la région des temples d’Angkor, nous investissons dans des cours d’informatique et d’anglais ainsi que des soins dentaires pour des élèves de primaire. Nous avons également créé un foyer pour jeunes filles du collège et lycée dans le nord du pays afin d’éviter qu’elles ne quittent l’école et nous soutenons différents programmes de formation professionnelle dans l’hôtellerie, l’agroécologie et la pâtisserie.

Autant de projets de « cœur » motivés par l’éternel sourire de tous ces enfants …

Une amélioration notable de l’hygiène, de la santé et de l’alimentation des élèves.

Une amélioration notable de l’hygiène, de la santé et de l’alimentation des élèves.

Jean-Pierre et Michèle, nos médecins référents, reviennent sur leurs 4 derniers mois passés à l’Ecole du Bayon, après 2 longues années marquées par le passage du Covid. Comment vont les enfants et quels sont les projets en cours ? 

Comme chaque année nous venons plusieurs mois pour assurer la prise en charge médicale de nos élèves. Nous nous attendions à mesurer les répercussions de la crise Covid qui a entraîné la perte d’emploi pour la majorité des parents.

Tel n’a pas été le cas. Nous avons pu constater une croissance régulière de tous les enfants et aucun signe de dénutrition.

Ce bon résultat provient de l’aide alimentaire que l’école du Bayon a apporté dès l’apparition du Covid aux familles qui n’avaient plus aucun revenu. Elle a consisté en l’apport mensuel de riz et d’aliments divers (œufs, nouilles, huile, sel,…) et hebdomadaires de légumes grâce à l’achat d’une partie de la production de nos « farmers ». Cette aide, toujours en cours, a pu s’inscrire dans la durée grâce à un appel à don.

Une meilleure hygiène

Lors de l’examen annuel, il a été constaté une diminution des lésions dentaires. Ce bon résultat provient des soins réguliers qui ont pu être mis en place grâce à l’aide d’un dentiste qui soigne nos élèves depuis plusieurs années à des tarifs très avantageux. Le brossage des dents auquel nous veillons après le déjeuner a contribué également à ces bons résultats mais des progrès restent à faire en impliquant les enseignants, travailleurs sociaux et infirmier.

Des douches ont également été installées pour permettre à des enfants qui arrivent sales à l’école de se laver et revêtir un uniforme propre. Cela permet de les sensibiliser à une meilleure hygiène et une diminution des infections cutanées qui étaient nombreuses depuis plusieurs années.

Sensibiliser les enfants n’est pas suffisant. Encore faut-il faire adhérer les parents. Nous avions prévu de réaliser des ateliers hygiène santé avec les parents. Malheureusement les règles sanitaires gouvernementales liées à l’épidémie de Covid ne nous ont pas permis de les mettre en œuvre, l’accès à l’école aux parents et les grands rassemblements étant interdits.

Un accès à l’eau pour tous

Lors de la grande enquête médicale qui nous avait permis de visiter 160 familles en 2019, nous avions pu constater que de nombreuses familles n’avaient pas accès à l’eau potable, ce qui entraînait des troubles digestifs. Nombre d’entre elles consommait directement l’eau du forage sans la faire bouillir, d’autres achetaient de l’eau purifiée, ce qui représentait un coût non négligeable pour elles.

Nous avons donc décidé d’attribuer un filtre à sable, en priorité aux familles les plus pauvres. Ils ont été fournis par Water for Cambodia, une ONG financée principalement par le Rotary Club. Une participation modique a été demandée afin que chacun s’approprie son filtre. En 2021, nous en avons installé 29 et en 2022, 33 sont prévus. Avant l’installation des filtres à sable, les familles sont réunies afin de leur expliquer le fonctionnement. En cas de problème, une maintenance gratuite est assurée par Water for Cambodia. De plus, notre équipe sociale, au cours de ses visites régulières, vérifie l’utilisation et le bon fonctionnement.

Afin d’améliorer l’hygiène nous avons procédé à l’installation de toilettes individuelles avec la même ONG. En 2021 9 latrines ont été installées, en 2022, 14 sont prévues ou en cours d’installation. Les habitations se trouvant sur des sites archéologiques proches d’Angkor Wat, nous devons obtenir des autorisations d’installation, parfois au bout de démarches longues et difficiles.

 

Des interventions médicales d’urgence

L’infirmerie de l’école permet la réalisation des examens médicaux et les soins quotidiens (plaies, infections cutanées, traumatismes divers,…). Pour des cas plus graves, nous avons la chance d’avoir à proximité 2 hôpitaux pédiatriques de très bons niveaux entièrement gratuits.

Afin de permettre la prise en charge de pathologies graves parmi nos familles ou des élèves de plus de 15 ans, un fond médical spécial a été mis en place depuis 3 ans.

Nous avons pu ainsi prendre en charge une étudiante de l’école de pâtisserie qui présentait des séquelles de fracture du tibia mal consolidée qui aurait entraîné rapidement une arthrose du genou. Elle a pu être opérée à Phnom Penh et retrouver une marche normale lui permettant ainsi de travailler.

Il y a plus d’un an, un de nos élèves a présenté une occlusion intestinale qui n’a pu être prise en charge à l’hôpital pédiatrique, en raison de son âge. Une double intervention a été nécessaire et ce jeune adolescent s’est retrouvé avec une poche de colostomie. Aucun chirurgien à Siem Reap n’avait de solution autre qu’un anus iliaque définitif. Heureusement, nous avons pu trouver à Phnom Penh un chirurgien capable de réaliser une intervention difficile, lui permettant de retrouver une vie normale. Actuellement tout va bien et ce jeune garçon a pu retrouver entrain et sourire !

Arrivés à la fin de notre mission de 4 mois, nous avons pu réaliser l’examen de 430 élèves (école primaire, écoles secondaires et formation professionnelle). Les soins dentaires, ophtalmologiques et ORL nécessaires sont en cours et gérés par notre infirmier et nos assistantes sociales. L’existence d’une base de données médicales où sont stockés les résultats des examens et les soins réalisés nous permet de suivre depuis la France le déroulement du programme santé en attendant notre retour prévu en novembre prochain.