Pénélope, responsable de la communication depuis un an, a mis en place à l’école primaire un projet autour de la photographie, dans l’idée de partager avec nos élèves sa passion et les faire pratiquer à leur tour. Elle nous explique ce qui l’a motivée à mettre en place cette activité.
Comment est né ce projet ?
Si les enfants d’aujourd’hui ont tous accès à un téléphone et la caméra qui y est intégrée, nos élèves de l’école primaire n’ont que peu d’occasions d’être ceux qui prennent les photos.
Après avoir constaté qu’ils étaient de nombreuses fois pris en photo à leur insu, j’ai eu envie de leur donner l’occasion de s’exprimer sur le monde qui les entoure et de témoigner par eux-mêmes de leur propre réalité.
Pratiquant la photographie depuis de nombreuses années, et particulièrement la photographie argentique, j’ai constaté, avec le temps, que ce médium était un réel moyen d’expression, et qu’une image parle souvent plus que des mots. J’ai eu envie de partager avec eux cette passion qui m’anime et leur apprendre à prendre le temps d’observer autour d’eux ce qui visuellement, permet de raconter une histoire.
La photographie permet souvent de témoigner d’un sujet en particulier et la photographie argentique à ce quelque chose d’unique, car les clichés réalisés ne sont visibles qu’au développement. La surprise des rendus est toujours un moment que j’affectionne particulièrement et j’avais envie de partager cela avec nos élèves !
Quelle est la démarche pédagogique proposée ?
Le programme Art, Culture et Sport de l’Ecole du Bayon permet de renforcer la créativité et l’estime de soi de nos élèves. Plusieurs ateliers ont lieu chaque semaine et sont essentiels au bon apprentissage de chacun. Dans l’idée de développer cette curiosité et leur ouverture sur le monde, le projet « Open Your Eyes » (Ouvrez Vos Yeux) est né de cette envie de leur proposer un nouveau champ d’apprentissage et d’expression artistique.
Ayant très peu accès à ce médium dans leur vie de tous les jours, nous voulions leur donner l’opportunité de comprendre ce qu’il est, et de le pratiquer.
L’atelier s’est déroulé en 2 étapes :
Un premier jour de présentation sur ce qu’est la photographie et son mode de fonctionnement. Les bases à savoir avant de réaliser un cliché (la lumière ? le cadrage ?) et les différences entre les appareils numériques et argentiques (qu’est ce qu’une pellicule et comment cela fonctionne ?).
C’était aussi l’occasion de leur faire découvrir certains noms de photographes cambodgiens réputés pour leurs clichés à travers le pays. Cela permet à nos élèves de s’identifier à ces personnes et d’avoir en tête l’idée qu’ils peuvent eux aussi, à leur tour, raconter une histoire grâce à des images.
La deuxième partie de l’atelier consiste à donner à chaque élève un appareil photo jetable, avec quelques idées de thème leur permettant de s’exprimer librement sur leur vision du monde. Cette approche a pour objectif de mettre en lumière le contexte dans lequel ils vivent, en les laissant s’exprimer sur leur vie quotidienne et comment ils la perçoivent eux-mêmes.
Qu’attends-tu des résultats ?
Une fois scannées et développées, l’objectif est de demander aux élèves d’expliquer leurs clichés et l’histoire qui s’y cache derrière.
Chaque élève a pu réaliser une trentaine de photographies et nous espérons avoir de jolies surprises !
Au-delà des photographies réalisées dans la cour de l’école, j’espère avoir des images de leurs familles et de leurs villages, pour ainsi avoir une représentation de leur vie au quotidien. Ces enfants ont grandi dans l’enceinte des temples d’Angkor et connaissent ce terrain mieux que quiconque : ils sont donc les plus aptes à le photographier ! Je suis curieuse de cette réalité-là, et j’espère qu’ils seront suffisamment à l’aise pour nous expliquer ce que représente leurs images. Je sais aussi que certains avaient pour envie d’aller se promener dans les temples. Je me demande de quelle manière ils les perçoivent. Pour eux, ces temples sont simplement un lieu de vie plutôt qu’une attraction touristique mondialement connue. J’espère surtout que les images seront lisibles car je sais qu’au début, nombreuses sont celles trop sombres ou surexposées.
Comment le projet a été mis en place ?
Pour réaliser ce projet, j’ai cherché des partenaires au Cambodge, car je sais qu’ils sont peu à pratiquer la photographie et je trouvais cela pertinent de travailler avec des entreprises locales.
Il y a notamment le laboratoire a qui j’envoie mes pellicules personnelles, We Film Lab, à Phnom Penh. La qualité de leur développement a toujours été très bonne et j’aime leur approche et leur communication sur leurs réseaux.
Ensuite, il y a aussi Rob Thort, que j’ai découvert sur Instagram. Ce compte bénéficie d’une grande visibilité et se définit comme une communauté destinée à promouvoir la photographie au Cambodge. L’idée est de rendre accessible cette pratique : ils ont régulièrement des appareils photos à vendre et propose aussi de nombreuses pellicules. J’aime cette idée d’offrir à tous la possibilité de pratiquer la photographie, que ce soit en amateur ou en professionnel. Tout est toujours bien expliqué et présenté, et je me suis dit que notre projet trouverait sûrement sa place auprès d’eux.
J’ai ainsi échangé avec eux, et ils ont tout de suite étaient très enthousiastes et ont trouvé l’idée pertinente. Rob Thort contribue au projet en nous fournissant les 35 appareils photos jetables et We Film Lab prend en charge le développement des images. C’est donc grâce à eux que je peux aujourd’hui porter le projet à l’école, et je les remercie grandement pour leur soutien.