« Rien ne me prédestinait à croiser le chemin de ces onze femmes »
Camille a rejoint le Bayon au mois de juin 2022 afin de travailler sur le programme Green Farming. Son projet était de renforcer les connaissances techniques de nos Farmers et de les aider à développer leurs ventes vers d’autres potentiels acheteurs comme les restaurants, hôtels et marchés de Siem Reap.
Elle revient sur son parcours après 6 mois passés aux côtés de nos Farmers.
« Depuis longtemps maintenant je souhaite m’investir au sein d’un programme de développement international et ainsi promouvoir l’agroécologie dans le monde. Ce simple souhait s’est précisé il y a deux ans, lorsque j’ai découvert une offre de stage de l’école du Bayon : « Green Farming Project Assistant ». Ce stage reprenait tout ce que je m’imaginais faire depuis des années : du conseil en agroécologie, du suivi de production, de l’analyse de données, de la conduite d’expérimentations…
Pourquoi est-ce que je me suis lancée dans le domaine de l’agroécologie ? Parce qu’en plus de l’aspect technique et scientifique, prônant des méthodes de conservation des sols et favorisant la biodiversité dans les zones de culture, on y relie également des notions culturelles, de sociologie, de politique et d’économie. Produire selon un modèle agroécologique, c’est préserver l’environnement, mais aussi et surtout produire en faisant un compromis sur les rendements pour favoriser les conditions matérielles et sanitaires de vie des agricultrices et agriculteurs, et la durabilité de nos agroécosystèmes.
Pour l’ingénieure agronome en formation que je suis, c’était la concrétisation de cette envie de longue date, et une chance inouïe de pouvoir me former, loin de la France, à l’agriculture sous un climat tropical. Aspect auquel les écoles françaises ne nous préparent si peu.
A ce moment-là, en 2020, alors que nous étions encore en pleine crise du COVID et que la monotonie des études à distance s’installait peu à peu, cette découverte a fait naître un regain de motivation. J’ai retrouvé la raison pour laquelle je m’étais lancée dans ces études : pour travailler sur le terrain, au contact direct des producteurs et productrices dans une démarche agroécologique. L’envie de découvrir l’Asie du Sud Est et d’aller y travailler a repris le dessus.
Finalement, en juin 2022, j’arrivais sur place. Je rencontrais l’équipe qui m’a chaleureusement accueillie, Marie ma prédécesseure qui m’a transmis énormément au cours du mois que l’on a passé ensemble, et bien sûr nos Farmers, onze mamans du Bayon qui ont envie de faire bouger les choses au sein de leur pays.
Ce dont je ne reviens toujours pas, c’est qu’à 22 ans seulement, rien ne me prédestinait à croiser le chemin de ces onze femmes. Elles ont été une rencontre extraordinaire et étonnante, elles m’ont impressionnée par leur positivisme et leur capacité de résilience hors du commun. Vivre cette expérience permet sans aucun doute de beaucoup relativiser sur sa propre situation. Elles sont toutes incroyablement généreuses, et ont envie de partager une partie de leur culture et de leurs vies. Alors même que nous ne parlons pas la même langue, elles m’ont toujours fait me sentir à l’aise avec elles, et nous avons vécu des moments très forts où nous réussissions à communiquer, même sans mots.
Vivre et travailler à l’étranger apportent nécessairement son lot de difficultés : il faut s’adapter à des habitudes de travail parfois différentes ou encore savoir rebondir sur certaines situations inattendues. L’expatriation engendre des hauts et des bas, mais il faut toujours se replacer dans le contexte du pays qui nous accueille. En travaillant au Cambodge, il m’est apparu important que les décisions soient prises par et dans l’intérêt des Khmer·e·s. Nous avons donc travaillé main dans la main pour mener à bien ce projet.
Je ne peux que conclure par une invitation : si vous en avez la chance, partez visiter le Cambodge et prenez le temps de vous arrêter à Angkor Wat, de passer par les campagnes et les étendues de rizières infinies dont on ne se lasse jamais, de discuter avec les gens qui ont tant à raconter, et pourquoi pas au Coffee Shop du Bayon pour un brunch bien mérité ? C’est un pays que j’ai adoré et qui m’a définitivement changée, plein de surprises et de paysages magnifiques, où tout est facile. J’y ai surtout découvert une philosophie de vie loin de nos rythmes effrénés de France, que j’espère conserver pendant longtemps : un problème trouve toujours une solution, souvent bien plus simple et bien différente de celle que l’on aurait imaginée. »
Écrit par Camille Gaume.